Jean-Yves ADELO

Vidéaste

 

Je suis né en Guadeloupe, artiste vidéaste diplômé DNESP master en arts plastiques, plasticien, scénographe réalisateur et musicien percussionniste.

Je travaille essentiellement sur les questions identitaires, sur la mémoire, la culture, les traditions. J’interroge ainsi mon environnement immédiat qu’est la Guadeloupe sur les rapports à la mort, à la vie, aux autres, au sein de cette société post-esclavagiste.

J’utilise le médium vidéo car il saisit l’espace et le temps. Il me permet de capturer des instants de vie et de me les réapproprier afin d’en faire œuvre. Mes sources d’inspiration plongent dans mes racines créoles pour tenter d’atteindre l’universalité de la poésie humaine.

Mon installation Triptika, (2001) est un véritable bain d’images et de sons, qui trouve ses fondements dans les veillées traditionnelles guadeloupéennes mais aussi dans les swaré lèwoz . Mais cette œuvre emprunte aussi au monde ses événements tragiques liés a la diaspora noirs , des combats de et des luttes contre la ségrégation à la situation politique actuelle en Guadeloupe en passant par des extraits de mémoire des grands maîtres KA. Ainsi peuvent se télescoper la voix d’Ibo Simon ou Lucette Michaux Chevry avec celle de Chaben ou Loyson et de Martin Luther King.

 

L’œuvre véyé a boïko (2017) est un instantané des vayan joua. Lors des veillées mortuaires traditionnelles en Guadeloupe, on chante la vie quand la mort est en présence. Les chanteurs de véyé traditionnelles sont accompagné par les banjo gita rouklé par les boulariens et par la kadans des frapé lan men des répondè. Le son des gorges roques crée le rythme et maintient toute la nuit les cœurs éveillés pour accompagner le défunt dans son dernier voyage. Les chanteurs se relaient et maintiennent la nuit éveillées, ils donnent de toute leur âme et chantent sans cesse. Ils ramènent le cœur de ceux qui écoutent au centre d’eux même : être guadeloupéen, appartenir a cette île qui a développé ses symboles, ses rites comme tout peuple.

 

Je créé des installations vidéo a taille humaine. Le principe est de pouvoir y entrer et se sentir immergé dans un monde d’image et de son. Il s’agit d’un écran circulaire de 3 m de diamètre et de deux mètres de haut. On rentre dans ce cylindre d’image par une porte de 1,5m de large et on peut assister à la projection pendant environ 11 minutes. 3 projecteurs vidéos sont synchronisés à des lecteurs, le son est diffusé tout autour du dispositif par des enceintes dispersées.

C’est l ‘exploration de ce être guadeloupéen qui me passionne depuis tant d’années. Filmer et chercher l’essence, l’essentiel du geste. Transformer le rushs en œuvre par la stylisation. Le fond de la nuit , l'herbe, le sirain, les bancs forment un corps compact. Et sur cette surface viennent s’agglutiner les mains, les épaules, les visages d’hommes et de femmes qui frappent la terre de leurs pieds, frappent l’air de leurs mains et respirent ensemble leur identité.

 

Dans l’œuvre véyé a boïko, le son est resté pur pour permettre au regard de s’accrocher à l’oreille, garder ce repère vrai, et plonger dans la poésie de limage estampe symbolisée, simplifiée, esthétisée. Ainsi mon travail invite le corps de l’autre à partager le regard que je porte sur le monde. Mes vidéos sont le résultat de mélanges d’images et de sons, d’univers et de cultures différentes, à  l’image des sociétés caribéennes. Grâce à de multiples effets de montage, de recadrage, de colorimétrie poussée, la forme devient signe, l’image atteint une autre réalité non encore dévoilée. »

Jean-Yves ADELO